Elle a les yeux comme deux sentiers parallèles
Dont on a l'impression qu'ils ne mènent nulle part,
Mais qu' y a, tout au bout, des gens qui y habitent quand même
Et quand elle les ferme soudain il fait plus noir.

Oui, son regard brille de mille reflets,
C'est une rivière d'argent où j'aimerai plonger
Dans le creux de son âme me baigner et nager,
- Mais ça a pas l'air profond et t'as peur d'avoir pied...

C'est une chanson d'herbe folle et de cailloux,
Chanson de trois fois rien, chanson de deux, trois sous,
Je l'ai faite pour elle, je vous la vends à vous...
Chanson nue comme le vent
Baptisée tout simplement :
Centimes et sentiments.

Et chacun de ses gestes est un instant de grâce
Comme quand à la fin du repas, dans la cour, on débarrasse
La table et que le vent gonfle un peu la nappe en papier
Et qu'on dirait voir danser une robe de la mariée.

Mais si souvent je la trouve belle, parfois je ferme les yeux,
Ca dépend de la couleur que le soleil met dans le désordre de ses cheveux.
Il en faut du talent pour oser écrire de telles images !
- Et pour les chanter... Là, faut carrément du courage...

J'ai ouvert, par chez moi, une école de chanson
Où l'on apprend ces mots qui forcent l'admiration
A la fin des exercices, je ramasse les brouillons...
Y'a des jeunes plein de talent
Qui m'inspirent profondément
Centimes et sentiments.

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